Ray Bradbury : Fahrenheit 451

 

De l'autre côté de la rue, les maisons dressaient leurs façades plates.

Qu'avait donc dit Clarisse un après-midi ?

"Pas de galeries. Mon oncle m'a dit qu'autrefois, il y avait des galeries aux maisons. Et quelquefois, les gens restaint assis, tard dans la nuit, bavardaient s'ils en avaient envie, se balançant dans leurs fauteuils, silencieux s'ils n'éprouvaient pas le besoin de parler. Parfois, ils restaient là, tranquillement, à réfléchir, à ruminer. Mon oncle dit que les architectes ont supprimé les galeries pour des raisons d'esthétique. Mais mon oncle dit que c'était un prétexte, rien de plus ; la véritable raison, cachée en dessous, c'est qu'on ne voulait pas voir des gens passer des heures assis à ne rien faire, à se balancer, à discuter ; c'était une forme détestable de vie en commun. Les gens parlaient trop. Et ils avaient le temps de penser. Alors, on a détruit les galeries. Et les jardins, aussi. Il ne reste plus de jardins... Et voyez le mobilier. Plus de rocking-chairs. Ils sont trop confortables. Il faut obliger les gens à courir, à prendre de l'exercice.

Video (11 mn) : discussion avec Ray Bradbury


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