L'Assommoir, chap. VII : la fête de l'oie (" Mais tout rentra dans l'ordre [...] quel ventre ")


Situation

Pour sa fête, Gervaise invite des habitants du quartier (14 personnes) et leur offre un festin. Les invités ont déjà mangé le potage, des légumes et attendent l’oie rôtie. Des enfants se disputent.

 

Ier axe : Une mise en scène théâtrale 

Gervaise veut épater ses invités et l’oie rôtie constitue un peu le sommet du repas. Son arrivée est donc mise en scène :
- 1er paragraphe : la longue attente des invités : description de leurs attitudes pendant que les femmes sont parties débrocher l’oie : " on attendait ", " on étouffait ", " les nez se tournaient vers la cuisine "
- 2ème paragraphe : le retour de Gervaise et de l’oie.
* motif du cortège : " il y eut une rentrée triomphale ", " Gervaise portait l’oie ", " les femmes marchaient derrière elle " : aspect spectaculaire de la scène . L'oie fait une entrée triomphale,
* motif du regard : tous les regards convergent vers l’oie, au centre de la scène : " elles regardèrent avec un intérêt profond Gervaise " / " Nana [...] les yeux démesurément ouverts, se haussait pour voir "
* motif de l’enthousiasme : les invités sont fascinés par l’arrivée de l’oie rôtie. Ceci se traduit aussi par :
- des signes : " on se la montrait avec des clignements d’yeux et des hochements de menton "
- l’explosion de joie : " un large rire silencieux " (chez Gervaise), " riaient comme elle ", " les sauts de joie des enfants "
* motif du respect : silence respectueux à la fin : " une surprise respectueuse, qui avait coupé la voix à la société ".

 

IIème axe : L’observation d’une fête populaire 

Nous retrouvons ici l’écrivain naturaliste, soucieux de nous donner un témoignage sur les moeurs de la classe ouvrière. Evocation d’une fête populaire. Précision de sociologue.

- Le rôle majeur des femmes : ce sont elles qui, dans la classe ouvrière, sont au centre des tâches domestiques : " Gervaise et maman Coupeau arrivaient pour débrocher l’oie ", " Augustine (= apprentie) posa deux lampes ", " Peut-on vous donner un coup de main ? cria Virginie : Sous le Second Empire, dans la classe ouvrière, la cuisine est exclusivement l’affaire des femmes.

- L’importance de la nourriture : la classe ouvrière ne mange pas toujours à sa faim. C’est pourquoi, les rares instants de fête sont centrés sur la nourriture. D’où la mise en valeur de l’oie rôtie : elle est d’abord dévorée du regard (" on ne l’attaqua pas tout de suite ").

Il s’agit aussi de manger avec excès : " les mâchoires [...] continuaient à avaler de grosses bouchées de pain ", " On laissait la nourriture se tasser " : on ne mange pas élégamment comme chez les bourgeois, on mange beaucoup.

- Le laisser-aller :: attitude des convives ("déboutonnaient leurs gilets ", " s’essuyaient la figure ", " la débandade du couvert ", " la nappe tachée de vin ")

 

IIIème axe : La dimension symbolique de la scène 

Cette scène a aussi un sens symbolique :

- Pour Gervaise, il s’agit d’une revanche sociale. Cette fête de l’oie marque son apothéose. D’où l’importance de cette " rentrée triomphale ".

- Personnification de l’oie : " quelle dame ! quelles cuisses et quel ventre ! " : l’oie symbolise Gervaise elle-même qui se fera dévorer : véritable sacrifice qui se déroule d’ailleurs avec toute une procession. C’est, symboliquement, Gervaise elle-même qui se fera dévorer. D’ailleurs, elle s’appelle Gervaise Macquart (dont le nom cache celui de Machart auquel Zola avait d’abord songé.) A la fin du roman, Gervaise est en effet complètement dévorée et réduite à néant.

 

Conclusion :

Episode central du roman : marque apparemment la revanche sociale de Gervaise mais aussi le début de sa déchéance. En effet, pour payer ce festin à ses invités, la jeune lingère s’est ruinée. La deuxième partie du roman marquera sa déchéance.


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