Situation
Pour sa fête, Gervaise invite des habitants du quartier (14 personnes) et leur offre un festin. Les invités ont déjà mangé le potage, des légumes et attendent loie rôtie. Des enfants se disputent.
Ier axe : Une mise en scène théâtrale
Gervaise
veut épater ses invités et loie rôtie
constitue un peu le sommet du repas. Son arrivée est donc
mise en scène :
- 1er
paragraphe : la longue attente des invités :
description de leurs attitudes pendant que les femmes sont parties
débrocher loie : " on attendait ",
" on étouffait ", " les nez
se tournaient vers la cuisine "
-
2ème paragraphe : le retour de Gervaise
et de loie.
* motif
du cortège : " il y eut une rentrée
triomphale ", " Gervaise portait loie ",
" les femmes marchaient derrière elle "
: aspect spectaculaire de la scène . L'oie fait une
entrée triomphale,
* motif
du regard : tous les regards convergent vers loie,
au centre de la scène :
" elles
regardèrent avec un intérêt profond
Gervaise " / " Nana
[...] les yeux démesurément ouverts, se haussait
pour voir "
* motif
de lenthousiasme : les invités sont fascinés
par larrivée de loie rôtie. Ceci se traduit
aussi par :
- des
signes : " on se la montrait avec des clignements
dyeux et des hochements de menton "
-
lexplosion de joie : " un large rire
silencieux " (chez Gervaise), " riaient comme
elle ", " les sauts de joie des enfants "
*
motif du respect : silence respectueux à la
fin : " une
surprise respectueuse, qui avait coupé la voix à
la société ".
IIème axe : Lobservation dune fête populaire
Nous retrouvons ici lécrivain naturaliste, soucieux de nous donner un témoignage sur les moeurs de la classe ouvrière. Evocation dune fête populaire. Précision de sociologue.
- Le rôle majeur des femmes : ce sont elles qui, dans la classe ouvrière, sont au centre des tâches domestiques : " Gervaise et maman Coupeau arrivaient pour débrocher loie ", " Augustine (= apprentie) posa deux lampes ", " Peut-on vous donner un coup de main ? cria Virginie : Sous le Second Empire, dans la classe ouvrière, la cuisine est exclusivement laffaire des femmes.
- Limportance de la nourriture : la classe ouvrière ne mange pas toujours à sa faim. Cest pourquoi, les rares instants de fête sont centrés sur la nourriture. Doù la mise en valeur de loie rôtie : elle est dabord dévorée du regard (" on ne lattaqua pas tout de suite ").
Il sagit aussi de manger avec excès : " les mâchoires [...] continuaient à avaler de grosses bouchées de pain ", " On laissait la nourriture se tasser " : on ne mange pas élégamment comme chez les bourgeois, on mange beaucoup.
- Le laisser-aller :: attitude des convives ("déboutonnaient leurs gilets ", " sessuyaient la figure ", " la débandade du couvert ", " la nappe tachée de vin ")
IIIème axe : La dimension symbolique de la scène
Cette scène a aussi un sens symbolique :
- Pour Gervaise, il sagit dune revanche sociale. Cette fête de loie marque son apothéose. Doù limportance de cette " rentrée triomphale ".
- Personnification de loie : " quelle dame ! quelles cuisses et quel ventre ! " : loie symbolise Gervaise elle-même qui se fera dévorer : véritable sacrifice qui se déroule dailleurs avec toute une procession. Cest, symboliquement, Gervaise elle-même qui se fera dévorer. Dailleurs, elle sappelle Gervaise Macquart (dont le nom cache celui de Machart auquel Zola avait dabord songé.) A la fin du roman, Gervaise est en effet complètement dévorée et réduite à néant.
Conclusion :
Episode central du roman : marque apparemment la revanche sociale de Gervaise mais aussi le début de sa déchéance. En effet, pour payer ce festin à ses invités, la jeune lingère sest ruinée. La deuxième partie du roman marquera sa déchéance.