L’atelier du poète : quatre états d’un poème de Jean Follain

DERNIER JOUR

Le manteau à collet de velours
l’avant de la manche fermé
de boutons d’os
le jeune visage
sous le chapeau rigide et sombre
et le corps tout entier
se portent au devant du destin.
L’heure est venue
de dévêtir les peaux les plus fines
dans les campagnes merveilleuses
plus pour toi
marchant vers ta mort
ta main frôlant les baies acides.

 

Autre titre : "Dernier jour". L'anecdote de la première version est presque oubliée.
Mais on revient un peu au premier état du poème, avec la reprise de certaines expressions: "collet de velours", "boutons d'os", "chapeau rigide et sombre"
L'accent est mis sur la jeunesse du personnage: "le jeune visage"
La notion de "destin" ("au devant du destin") est importante ici et se substitue à celle de l'"eau" ("au devant d'une eau noire"). Elle est reprise par "l'heure est venue"
L'élément érotique garde son importance ("dévêtir les peaux les plus fines")
Le système énonciatif reprend l'interpellation de la première version: "pour toi/marchant vers ta mort/ta main frôlant"
"les baies acides" du dernier vers symbolisent à la fois la vie ("les baies") et la mort ("acides" connotant le poison)



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